ou les « petits trous de la mémoire »

Pour retracer l’histoire de « la doc » de BCEOM, il faut parler des multiples facettes qui ont marqué son histoire. Il y a la traçabilité des documents, c’est sa vocation première, mais il y a eu aussi sa participation dans l’édition et la diffusion du savoir-faire de BCEOM, la participation active aux réseaux documentaires dans les domaines d’intervention de BCEOM (DIRR, URBAMET, IBISCUS) et enfin plus récemment l’aspect ingénierie documentaire.

 

La traçabilité

 

Dès sa création et bien avant l’arrivée d’ISO 9000, BCEOM a toujours assuré la traçabilité de sa production (rapports et propositions de services.)

Les origines de la doc remontent à la création même de BCEOM

La Direction des relations extérieures (DREE) de l’époque s’est dotée d’un embryon de service de documentation avec une secrétaire, Mademoiselle ANTOINE, qui prenait soin de noter soigneusement sur un cahier à spirales la liste des rapports et des propositions du Bureau Central des Etudes d’Outre Mer. Un petit fonds d’ouvrages constituait déjà un embryon de bibliothèque technique.

Lors d’une recherche, on faisait jouer la mémoire, les couleurs (« ah oui, le petit rapport avec la couverture verte !! »),  l’ordinateur n’avait pas encore la place qu’il détient de nos jours. Puis ce fut le tour de fiches bristol classées par secteur d’activité (urbanisme, routes, ports…) C’est ainsi que l’on retrouve sur les fameuses fiches bristol la trace du fameux rapport PELLETIER BONNENFAND, un grand classique de BCEOM très souvent cité dans ses travaux.

Dans les années 1960, un ingénieur géologue, Madame B.J. ORMIERES (plus familièrement nommée « BJO ») est en charge du service documentation. C’est à ce moment-là que, toujours placé à la DREE, le centre de documentation ou « la doc » de BCEOM prend son envol et que la doc commence vraiment à ressembler à un centre digne de ce nom.

Le tournant avec l’arrivée du « SELECTO »

On voit apparaitre dans les années 70 une étrange machine à faire des petits trous, « le SELECTO », qui va servir pendant une trentaine d’années à gérer la mémoire interne et externe de BCEOM et remplacer les fiches bristol ou le bon vieux cahier à spirales.

Le principe est très simple : vous avez d’un coté des documents produits (les rapports et les offres) ou des documents achetés (essentiellement les ouvrages) et de l’autre un thesaurus. Vous sélectionnez des descripteurs dans le thésaurus, qui doivent représenter au plus juste le contenu du document.

Des fiches sont perforées en abscisses et ordonnées au numéro séquentiel affecté au document. Chaque fiche comporte un descripteur (ce dernier pouvant être technique, géographique, chronologique) et les fiches sont ensuite classées par ordre alphabétique dans un grand bac.

Lors d’une recherche pour un ingénieur, il suffisait de « traduire » sa question à l’aide des « descripteurs » du thesaurus puis de superposer toutes les fiches retenues. On plaçait alors les fiches sélectionnées sur un cadre de lecture lumineux et il suffisait de « lire » les numéros laissant passer la lumière. Les « petits trous » donnaient la réponse aux questions posées sous forme de « cote » (numéro séquentiel) qui renvoyait à la fiche bibliographique, classée par ordre chronologique.

C’est un système qui de nos jours peut paraitre simpliste mais qui a fait ses preuves de très nombreuses années.

Grâce à ce travail entrepris dès le début de sa création, le Centre de doc était en mesure de retrouver toutes les offres de services et études réalisées par la société.

Corrélativement à la mise en place du SELECTO, il a fallu améliorer le système de recherche et mettre en place le thésaurus, afin d’attribuer des descripteurs aux rapports et propositions, de transférer ces descripteurs sur les fiches pour ultérieurement faire les recherches à la demande des ingénieurs et techniciens.

Pour ce faire, BCEOM s’est rapproché des autres centres de documentation du secteur (LCPC, SETRA, INRETS) en participant activement aux réseaux documentaires qui se sont constitués progressivement dans les années 60.

Puis arrive l’ère de l’ordinateur avec l’informatisation, le logiciel TEXTO et …20 mégas de mémoire !!!

Nous sommes alors en 1983. Progressivement au fil des années, l’ensemble de la production de BCEOM a été mise en mémoire avec possibilité de faire des recherches multicritères.

Au début des années 2000, BCEOM avait mis l’ensemble de sa mémoire en réseau grâce aux développements apportés au logiciel TEXTO, devenu CINDOC.

Les réseaux

Dans les années 1970, BCEOM a rejoint les premiers réseaux documentaires qui voient le jour en France et en Europe.

Pour commencer il s’agit du réseau « D.I.R.R. » (Documentation Internationale en Recherche Routière) mis en place dans le cadre du Programme de recherche en matière routes et de transports routiers de l’OCDE, dont le coordonnateur français était le LCPC avec la participation de BCEOM, CEBTP, INRETS, SETRA.

L’avantage de ces réseaux, qui regroupaient les centres de documentation les plus importants des secteurs d’activité nous concernant, c’est qu’ils étaient des lieux d’échanges d’expériences, en particulier pour l’élaboration des classifications et un essai de mise en commun des mémoires des organismes qui y participent.

Vint ensuite le réseau URBAMET pour le secteur Urbanisme.

Enfin apparut en 1983 le réseau IBISCUS concernant l’aide au développement, mis en place par le Ministère de la Coopération et du Développement. BCEOM en tant que bureau d’études y a joué un rôle important, couvrant le secteur des routes et des transports dans le cadre de l’aide au développement.

Tous ces réseaux ont permis notamment la mise au point de notre thesaurus utilisé pour l’indexation des documents internes mais aussi externes (articles, thèses, congrès, ouvrages divers) détenus par BCEOM.

Des échanges se sont constitués au sein des centres documentaires ; un partage des tâches permit également d’assurer une meilleure couverture des secteurs par l’analyse du contenu des périodiques reçus par l’ensemble des centres.

L’édition par BCEOM : plus de vingt ans de publications

BCEOM a su mettre en valeur le savoir-faire de ses experts en signant avec EYROLLES une convention créant la « collection BCEOM » au début des années 1960 et ce jusqu’en 1980.

C’est ainsi que sont parus dans cette collection de nombreux ouvrages techniques. Citons par exemple :

·      Perfectionnement et nouveautés pour l’épuration des eaux

  • Eaux usées urbaines et eaux résiduaires industrielles (VAILLANT)
  • L’énergie solaire (VAILLANT)
  • Le dessalement de l’eau de mer (VAILLANT)
  • Défense contre les crues (LARRAS)
  • Implantations industrielles dans le tiers monde – condition du succès (BOURRIÈRES)

·      Administration et exploitation portuaire (BAUDELAIRE)

  • Manuel sur les routes dans les zones tropicales et désertiques, ouvrage de référence du BCEOM, initialement écrit dans les années 1970 et réécrit en 1991 pour tenir compte de l’évolution des techniques.

La publication de bulletins documentaires est apparue au BCEOM dès 1957 avec la parution jusqu’en 1963 du « Bulletin HAU » (habitat, aménagement, urbanisme), créé par Monsieur BLANC, ingénieur du service Habitat urbanisme. Parmi les véritables trésors de cités par ce bulletin, citons en particulier « Péril fécal » ou encore les travaux sur le béton de terre.

Dans le même esprit et avec un financement partiel du ministère de la Coopération,  fut créée en 1971 la revue « Informations et Documents ». Ce bulletin, publié également en anglais et espagnol, était destiné non seulement aux clients de BCEOM mais aussi en appui documentaire aux coopérants (d’où l’aide financière du ministère de la Coopération pour son édition). Ce bulletin était tiré à plus de 2000 exemplaires en français et 1000 exemplaires en anglais et en espagnol

Le bulletin « Informations et Documents » a vécu pendant 20 ans et a relaté les nombreuses réalisations de BCEOM à travers le monde et ce dans tous les domaines d’intervention de BCEOM : route, urbanisme, transports économie, développement rural, etc.

Le bulletin était diffusé avec une sélection bibliographique des articles parus dans le trimestre, permettant aux ingénieurs de BCEOM et autres destinataires à travers le monde de se tenir informés des derniers développements techniques.

L’ingénierie Documentaire

La grande expérience de BCEOM dans l’organisation et le rayonnement de son centre de documentation lui a parmi de se lancer, à partir de 1985, dans des prestations d’ingénierie documentaire. Il a ainsi pu offrir à ses clients une palette de services allant de la constitution de listes de base pour des bibliothèques locales à la livraison de centres documentaires « clefs en main », y compris la conception de locaux adaptés, la formation et le volet archivage, très important en particulier en Afrique.

Au fil des années, BCEOM a mis au service de nombreux pays africains et asiatiques son savoir-faire dans ce domaine particulier, se constituant ainsi de nombreuses références qui ont fait de lui un des spécialistes du secteur pour les bailleurs de fonds, lesquels avaient pris conscience de l’importance de la documentation et de l’archivage en finançant de nombreuses études.

Lorsque BCEOM quitta ses bureaux du square Max Hymans au-dessus de la gare Montparnasse à Paris pour déménager à Guyancourt dans les Yvelines, « la doc » est devenue le Centre d’information et de documentation (CID). Le CID a monté de nombreuses opérations de formation et d’assistance à la création de centres documentaires en Afrique et en Asie, faisant participer les nouveaux centres ainsi mis en place aux réseaux documentaires français et européens.

Bernard Quennesson, juin 2020